Cinq stratégies de placement durables à la portée des investisseurs canadiens
La définition d’un placement durable peut être différente d’une personne à l’autre. Pour certains, l’important est d’éviter des activités ou des sous-secteurs particuliers. D’autres estiment que leur placement doit avoir un impact concret et positif. L’absence de conséquences négatives ne leur suffit pas; ils désirent que leur placement soit un vecteur de changement.
Les investissements se déclinent selon toute une gamme allant de la stratégie de placement conventionnelle aux programmes philanthropiques.
D’une part, il y a les placements conventionnels qui, contrairement aux placements durables, ne tiennent pas compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
D’autre part, il y a les programmes philanthropiques qui ne sont pas considérés comme des placements durables, car il s’agit davantage de dons que d’investissements à proprement parler.
Entre les placements conventionnels et les programmes philanthropiques, voici cinq stratégies que peut envisager celui qui souhaite investir dans des placements durables.
1. Intégration des facteurs ESG
Lorsqu’un professionnel du placement affirme que la durabilité fait partie intégrante de sa stratégie de placement (comme c’est souvent le cas de nos jours), cela signifie en réalité que son analyse tient compte des risques financiers associés aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance pour les sociétés dans lesquelles il envisage d’investir.
Cependant, pour de nombreux investisseurs canadiens qui aspirent à faire des placements durables, cette stratégie peut sembler trop se rapprocher des placements conventionnels et ne pas répondre à leurs besoins. Ici, l’essentiel est que l’entreprise soit consciente des risques qui découlent de ses activités et soit en mesure de les gérer. C’est très bien, certes, mais même si une société obtient d’excellentes notes lorsqu’elle est évaluée de la sorte, il est possible que certaines de ses activités ne soient pas véritablement responsables ou éthiques.
2. Filtrage négatif
Il s’agit du mode de filtrage traditionnel pour cerner les placements dits « éthiques ». L’objectif est d’éviter ou d’exclure les sociétés aux activités jugées répréhensibles – comme la fabrication et le commerce d’armement, la vente de tabac, la publication de matériel pornographique ou l’extraction de carburants fossiles, entre autres. Le contenu de cette liste dépend des valeurs personnelles de chacun.
La gestion du risque peut également faire partie de l’équation. Par exemple, avec l’évolution des valeurs et les nouvelles réglementations, l’industrie pétrolière et gazière pourrait connaître un déclin à long terme. À la longue, le coût du capital de cette industrie est susceptible d’augmenter. Parmi les gisements sur lesquels les sociétés d’énergie ont acquis des droits, nombre ne seront peut-être jamais exploités. Ce sont là des risques financiers tangibles qu’une approche d’exclusion est susceptible d’écarter. Toutefois, l’exclusion est essentiellement une question d’éthique.
3. Filtrage positif ou sélection des chefs de file
Cette démarche est à l’opposé de l’exclusion. Le filtrage des chefs de file consiste à rechercher les sociétés qui se distinguent par leur respect de facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance. Encore une fois, cette question peut s’analyser du point de vue financier ou du point de vue éthique. D’ailleurs, il devient de plus en plus évident que les deux sont inséparables. Fidelity International a constaté que les sociétés dotées d’une cote ESG élevée ont enregistré une surperformance en 2020, autant pendant les phases haussières que lors des replis du marché. Une bonne cote ESG est, en quelque sorte, un gage de qualité. Les entreprises qui sont conscientes des forces à l’œuvre dans leur environnement et qui s’adaptent en conséquence sont, par définition, supérieures aux autres. Elles reçoivent de plus en plus l’assentiment des investisseurs, comme en témoignent leur meilleure valorisation et leur coût du capital plus faible.
4. Placements thématiques ou axés sur le développement durable
Cette catégorie se situe en plein milieu de la gamme des placements durables. Un fonds de ce groupe pourrait autant pencher vers le profit que vers des valeurs éthiques. Une analyse plus poussée s’impose donc. Vous devrez regarder sous le capot, examiner les objectifs du fonds et vous assurer que les intérêts du gestionnaire correspondent aux vôtres.
Choisir un placement avec une optique responsable ne signifie pas nécessairement que vous vous dévouez à améliorer le sort de la planète. Ce choix peut simplement révéler que vous avez constaté dans quelle direction le vent souffle (littéralement, dans le cas de l’énergie renouvelable) et reconnaissez le potentiel de placement à long terme offert par certains secteurs ou thèmes.
5. Investissement d’impact
Cette dernière catégorie est sans doute la plus intéressante pour les investisseurs qui considèrent le placement comme un mécanisme utile pour améliorer le monde. Ainsi, les fonds de ce genre privilégient les sociétés orientées vers l’amélioration des conditions sociales et environnementales. Il peut s’agir, par exemple, de sociétés de logements sociaux ou d’entreprises qui s’efforcent de créer des emplois pour les anciens détenus.
Cette gamme de placement se subdivise davantage, car les fonds peuvent avoir des critères d’éthique et de rendement différents selon l’impact qu’ils visent. C’est à vous de décider dans quelle mesure vous désirez que votre investissement d’impact ait une portée philanthropique.
Ce survol des placements responsables n’est manifestement qu’une description sommaire d’un secteur fort complexe, et peu de fonds s’inscrivent parfaitement dans l’une ou l’autre de ces catégories. Un fonds d’impact peut également recourir au filtrage négatif, par exemple. Nous espérons toutefois que cette présentation saura constituer un point de départ pour votre exploration du monde des placements durables.