Analyses du marché de Jurrien Timmer : les marchés haussiers, les taux d’intérêt et les actions
Dans un récent épisode des DialoguesFidelity, Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, a proposé une analyse approfondie de l’évolution du marché haussier, des taux d’intérêt, des taux obligataires et du rendement des principales actions.
Voici quelques-uns des points à retenir.
Évolution du marché haussier
M. Timmer a ouvert son analyse en revenant sur le marché haussier qui a débuté en octobre 2022, soulignant qu’à mesure que le marché progressait, les cours augmentaient, les bénéfices ayant joué un rôle important dans cette croissance. Cette tendance s’est poursuivie en 2024 et devrait se maintenir. Cependant, M. Timmer a fait remarquer que les facteurs positifs pourraient se transformer en défis. Notamment, la politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) en matière de taux d’intérêt pourrait constituer un obstacle. L’an dernier, la Fed a abaissé ses taux de 100 points de base, un vent favorable dont le marché pourrait ne pas bénéficier en 2025. M. Timmer a souligné que même si l’économie demeure résiliente et que le marché de l’emploi est vigoureux, l’époque des mesures d’assouplissement quantitatif et des taux d’intérêt nuls est révolue. La Fed s’engage maintenant dans un resserrement quantitatif et il est peu probable qu’elle réduise davantage les taux, ce qui entraînera une normalisation de la prime de terme.
Changement de la dynamique entre les actions et les obligations
M. Timmer a souligné l’évolution de la dynamique entre les marchés boursiers et obligataires. Par le passé, lorsque le taux sans risque était faible, les actions étaient considérées comme la meilleure option de placement. Toutefois, avec des taux obligataires approchant maintenant les 5 %, ce qui est comparable au rendement des actions, le marché boursier, plus risqué, devrait idéalement offrir un rendement supérieur à celui des actifs sans risque pour rester concurrentiel. Si le taux sans risque augmente, les actions devront ajuster leurs valorisations pour demeurer concurrentielles. Un tel rajustement entraîne souvent une correction des cours boursiers, ce que nous constatons maintenant alors que les taux obligataires se rapprochent de 5 %. M. Timmer a insisté sur le fait que, même si la hausse des taux d’intérêt et la normalisation de la prime de terme nuisent au marché boursier, cela reflète un contexte financier plus sain et plus équilibré. Il a suggéré que les corrections du marché dues à ces facteurs pourraient offrir aux investisseurs des occasions d’achat pour rééquilibrer leurs portefeuilles à de meilleures valorisations.
Rendement et attentes pour les actions de croissance à long terme
La discussion a aussi porté sur le rendement et les attentes pour les actions de croissance à long terme, en particulier les « sept magnifiques ». M. Timmer a évoqué le solide rendement du marché par rapport à l’année précédente, soutenu par une croissance des bénéfices de 10 % et une hausse des valorisations de 20 %. Il a noté qu’il est de plus en plus difficile pour les sociétés d’atteindre et de dépasser continuellement des attentes élevées, car ces attentes se reflètent déjà dans le cours des actions. Dans ces conditions, même les bonnes nouvelles pourraient ne pas suffire à stimuler davantage les cours boursiers. Il a comparé cette situation à celle de la bulle Internet, notamment avec Cisco, qui a connu une forte volatilité avant d’atteindre son sommet. M. Timmer s’est dit préoccupé par un marché dominé par quelques grandes sociétés et par la perte de vitesse de l’indice équipondéré S&P 500 à la fin de décembre.
Gérer les obstacles et les occasions sur le marché
Malgré ces obstacles, M. Timmer demeure optimiste, car il estime que le marché haussier est maintenant dans une phase avancée lors de laquelle les vents favorables se transforment en obstacles, comme la hausse des taux d’intérêt et des valorisations. Il a fait remarquer que la force du dollar a contribué au resserrement des conditions financières et a fait référence à un graphique sur les cycles de placement, soulignant qu’en 2024, les conditions financières et la croissance des bénéfices ont placé le marché dans la « position idéale » pour les placements. Il s’attend toutefois à ce que l’année 2025 soit marquée par des progrès limités par les pressions exercées par les taux et les valorisations, ce qui signifie « deux pas en avant, un pas en arrière ».
Décisions de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt
M. Timmer a également abordé les décisions de la Réserve fédérale concernant les taux d’intérêt et les attentes du marché. Il a mentionné que la Fed a abaissé ses taux de 100 points de base l’an dernier, conformément à ses prévisions de trois baisses de taux. À l’heure actuelle, les indicateurs de marché suggèrent que le taux des fonds fédéraux pourrait atteindre un creux d’environ 4,13 % cette année ou l’an prochain. Le sentiment général est que les attentes du marché sont justes et la Fed semble avoir adopté une approche attentiste quant aux fluctuations futures des taux.
Bitcoin et marché des cryptomonnaies
La conversation a ensuite porté sur le marché des cryptomonnaies, en particulier le bitcoin. M. Timmer a souligné que les investisseurs sont optimistes à l’égard du marché des cryptomonnaies à la suite de la récente élection, car ils s’attendent à ce que la nouvelle administration soit plus favorable à ce type de devise. Il a mentionné que le cours du bitcoin a toutefois chuté, ce qui reflète le processus de détermination des prix continu alors que le marché réagit aux nouvelles informations. M. Timmer a décrit le bitcoin comme une réserve de valeur et un actif spéculatif semblable au Nasdaq. Il a insisté sur le fait que la congestion actuelle du bitcoin est comparable à celle d’autres actifs et que cette cryptomonnaie est moins influencée par les fluctuations du dollar américain ou d’autres devises. Son cours est plutôt affecté par les mesures gouvernementales et la réglementation qui pourraient accélérer son adoption.
Conclusion
En conclusion, M. Timmer a présenté une analyse nuancée du marché, reconnaissant les défis posés par la hausse des taux d’intérêt, les valorisations élevées et la force du dollar, tout en restant optimiste quant aux perspectives à long terme. Il a insisté sur l’importance de surveiller la dynamique des marchés et de se préparer à d’éventuelles corrections, car il considère ces dernières comme des occasions pour les investisseurs de rééquilibrer leurs portefeuilles.