Perspectives de Jurrien Timmer sur le contexte économique actuel

Dans le cadre des DialoguesFidelity, Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, présente une analyse approfondie du concept de « réinitialisation », un terme qui décrit bien les changements transformateurs qui se produisent sur le plan politique et économique.

 

Voici quelques-uns des points à retenir. 

Réinitialisation politique et conséquences économiques

M. Timmer met d’abord en contexte la réinitialisation politique, établissant des parallèles avec la période 2016-2017. Il insiste sur l’importance de ne pas être surpris par les résultats, une leçon qu’il a tirée de bouleversements politiques précédents. L’administration Trump actuelle semble adopter une approche beaucoup plus expéditive, avec un programme plus clair qu’en 2016. Cette fois-ci, l’administration semble prête à agir rapidement avec une série de décrets présidentiels qui pourraient se chiffrer à des centaines, et qui pourraient avoir une incidence considérable sur les politiques commerciales et l’immigration.

 

Le commerce et l’immigration pourraient faire bouger les marchés

M. Timmer indique que le commerce et l’immigration sont les deux enjeux qui pourraient faire fluctuer considérablement les marchés. Il fait remarquer que la rhétorique plus conciliante concernant le commerce et les tarifs douaniers a déjà influencé le dollar américain, ce qui a permis aux marchés de reprendre leur souffle. Ce soulagement est crucial, car les politiques commerciales et d’immigration sont des inconnues connues qui peuvent déclencher une forte volatilité des marchés.

 

Politiques économiques et dynamique du marché

M. Timmer discute des politiques économiques attendues de l’administration actuelle, y compris la déréglementation et les réductions d’impôt. La prolongation des réductions d’impôt demeure une priorité, mais cela soulève des préoccupations quant au financement. Si des réductions d’impôt prolongées ajoutent environ 5 000 milliards de dollars à la dette sans réduction des dépenses correspondante, cela pourrait entraîner des difficultés de financement que le marché des bons du Trésor pourrait ne pas favoriser.

 

Taux d’intérêt et inflation

La Réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé ses taux de 100 points de base, les ramenant près d’un taux neutre, qui se situe à environ 4 % selon M. Timmer. L’estimation finale des taux de la Fed se situe à 3 %, ce qui, selon lui, est trop faible compte tenu des tendances actuelles en matière d’inflation. L’inflation de base, qui s’établit à environ 3 %, suggère que le marché et la Fed sont alignés sur la courbe des taux prévisionnels, qui reflète un taux neutre de 4 %.

 

M. Timmer souligne que même si la Fed prévoit quelques baisses de taux pour l’année, celles-ci dépendent d’une baisse décisive de l’inflation. Le marché n’anticipe pas avec enthousiasme ces baisses, compte tenu du contexte économique favorable. Cependant, la longue extrémité de la courbe des taux demeure cruciale, car les récentes fluctuations du taux à 10 ans ont provoqué des réactions importantes sur le marché.

 

Sensibilité du marché aux rendements à long terme

La sensibilité du marché aux rendements à long terme est évidente. M. Timmer attire l’attention sur une récente remontée déclenchée par une baisse du taux de rendement sur 10 ans, qui est passé de 4,80 % à 4,65 %, ce qui témoigne de la sensibilité accrue du marché aux rendements à long terme par rapport aux rendements à court terme. La forme de la courbe de rendement, la prime de terme et les rendements à long terme sont appelés à être des facteurs déterminants pour le marché, tout comme les politiques concernant le commerce et l’immigration.

 

Valorisations et bénéfices

M. Timmer se penche sur les valorisations boursières, notant que le contexte actuel se caractérise par des valorisations élevées, l’indice S&P 500 affichant un rendement d’environ 5 %, comparable à celui des obligations. Cette dynamique concurrentielle rend le marché boursier plus sensible aux fluctuations des taux d’intérêt et du marché obligataire. Il fait remarquer que la conjoncture du marché est attribuable aux bénéfices solides et au resserrement des conditions financières. La phase actuelle indique un marché qui pourrait être plus sujet aux corrections, comme en témoigne une correction récente de 5 % attribuable aux fluctuations des taux d’intérêt.

 

Indicateurs d’ampleur et de santé du marché

Les indicateurs d’ampleur, comme le pourcentage d’actions suivant une tendance haussière à long terme, donnent un aperçu de la santé du marché. M. Timmer observe une détérioration notable de l’ampleur du marché vers la fin de l’année passée, malgré une hausse récente du nombre d’actions au-dessus de leur moyenne mobile sur 200 jours. Il insiste sur l’importance de l’ampleur du marché pour que le marché haussier se poursuive de façon durable et souligne que, lorsque les marchés sont haussiers, les conditions de survente peuvent présenter des occasions d’achat.

 

Période de déclaration des bénéfices et rendement du secteur financier

La période de déclaration des bénéfices du quatrième trimestre est en cours et 42 sociétés provenant principalement du secteur financier ont déclaré leurs bénéfices jusqu’à présent. Les résultats sont positifs, 87 % dépassant les estimations d’environ 10 points de pourcentage. Ce rendement solide est attribuable aux conditions favorables pour les banques, comme une courbe de rendement accentuée et un financement bon marché. Le taux de croissance des bénéfices est d’environ 8 % au début de la période, les prévisions voulant qu’il atteigne au moins 10 % au quatrième trimestre et 10 % pour l’année.

 

Considérations macroéconomiques mondiales

Sur le plan mondial, M. Timmer se penche sur la Chine, où il observe une tendance cyclique à moins long terme. Il compare la situation actuelle de la Chine à celle du Japon dans les années 1990, lorsque la croissance rapide alimentée par la dette a entraîné une mauvaise répartition du capital. Il recommande l’adoption d’une approche prudente en matière de placement en Chine, car il considère qu’il s’agit d’un marché pour louer des actions plutôt que de les détenir à long terme.

 

Conclusion

En résumé, l’analyse complète de M. Timmer permet de mieux comprendre le contexte économique et les marchés à l’heure actuelle et met en évidence l’interaction entre les changements politiques, les politiques économiques, les taux d’intérêt et la dynamique du marché. La compréhension de ces facteurs s’avère essentielle pour prendre des décisions de placement éclairées.