La culture financière se développe d’abord à la maison et à l’école

Rédigé par : Janet Bodnar

Source : Kiplinger

 

Annamaria Lusardi est attachée supérieure de recherches au Stanford Institute for Economic Policy Research et coauteure, avec Tim Kaiser, de la nouvelle étude Financial Literacy and Financial Education: An Overview (traduction libre : Aperçu de la culture financière et de l’éducation financière). Je lui ai parlé des résultats de son étude.

Comment mesure-t-on la culture financière?

« Il y a plus de 20 ans, nous avons formulé trois questions à choix multiples permettant d’évaluer la compréhension des notions de base de la finance personnelle : les intérêts composés, l’inflation et la diversification des risques. Depuis, nous avons ajouté ces questions à presque tous les sondages sur les finances des consommateurs et à d’autres sondages partout dans le monde. Dans la plupart des pays, les résultats sont étonnamment similaires : la culture financière est très faible et ne s’est pas beaucoup améliorée au fil du temps. »

Vos recherches montrent-elles une différence entre les hommes et les femmes?

« Nous constatons une inégalité persistante et importante entre les sexes dans presque tous les pays. Les femmes répondent correctement à moins de questions et sont plus susceptibles de choisir la réponse « Je ne sais pas ». Pour confirmer cette hypothèse, nous avons posé de nouveau les questions, mais sans l’option « Je ne sais pas ». Lorsqu’elles sont obligées de répondre aux questions, les femmes ont tendance à y répondre correctement, mais elles ne sont pas confiantes de leurs réponses. 

« Nous estimons que le manque de confiance explique environ un tiers de l’écart entre les sexes. Ce manque de confiance peut rendre les femmes trop réticentes à prendre des mesures qui pourraient faire fructifier leur patrimoine, par exemple en investissant sur le marché boursier, surtout dans un contexte d’inflation élevée. »

Y a-t-il des différences entre les groupes d’âge?

« La culture financière est particulièrement faible chez les jeunes. C’est logique, car ils n’ont pas d’expérience vécue dans ce domaine et n’apprennent généralement pas la finance à l’école. Les études préliminaires montrent que les connaissances financières ont tendance à augmenter avec l’âge jusqu’à un certain point, puis à diminuer. Toutefois, des études plus récentes montrent que les connaissances financières ne diminuent pas avec l’âge. Cela s’explique peut-être par le fait que nous évaluons les connaissances du répondeur en matière d’inflation, et que les générations plus âgées ont été plus souvent confrontées à une inflation plus élevée. »

Que signifient vos résultats pour le bien-être financier?

« La culture financière est aussi importante que la lecture et l’écriture dans notre société, notamment lorsque vous devez établir un budget, gérer vos dettes, planifier votre avenir ou épargner pour la retraite. La constitution d’un patrimoine ne dépend pas uniquement du revenu ou de la chance. La culture financière joue également un rôle important. Par exemple, nous estimons que 30 % à 40 % de l’écart de richesse à la retraite pourrait être comblé si les gens avaient les connaissances et les compétences nécessaires pour investir sur le marché boursier et obtenir des rendements plus élevés. »

Quelle est la solution?

« En intégrant l’éducation financière dans les écoles, on égalise les chances. Les études précédentes n’ont pas réussi à démontrer l’efficacité de l’éducation financière, ce qui était fort décevant. Mais ces études portaient sur des interventions très mineures, par exemple la distribution d’une brochure. Lorsque les connaissances financières sont si faibles, il ne suffit pas d’une brochure ou d’une leçon pour les améliorer. Il faut suivre un cours complet et bien conçu. 

« L’obligation plus récente d’offrir une éducation financière dans les écoles secondaires a permis d’améliorer les résultats et les comportements en matière de culture financière. Au lieu d’offrir les programmes pour adultes dans des salles de classe, ceux-ci fonctionnent mieux lorsqu’ils sont adaptés à des groupes cibles et aux situations courantes de la vie, et qu’ils sont offerts par voie numérique. »

À quel âge peut-on commencer?

« Dès que la fée des dents se présente. Dans tous les entretiens que je mène avec des adultes qui ont connu du succès dans le domaine des finances personnelles, ils me parlent des expériences qu’ils ont vécues lorsqu’ils étaient jeunes. Il peut s’avérer très utile de donner une tirelire à un enfant. »

  

Cet article a été rédigé par Janet Bodnar de Kiplinger et sa publication a été autorisée par le réseau d’éditeurs DiveMarketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, veuillez écrire à legal@industrydive.com.